Carnet de voyage de Philippe (Bubu)

 

Sénégal-Gambie 26 décembre 2012 - 6 janvier 2013

Nous remercions infiniment nos amis africains pour nous avoir ouvert leur maison, l'organisation remarquable de cette tournée mémorable, leur maîtrise des aléas, leur bonne humeur et leur talent. Plus ce que j'oublie ou n'ose citer par pudeur.
 

Voici mes souvenirs de ce voyage. Ce sera forcément partial et nombriliste, incomplet et tendancieux. A mon âge, la mémoire ne peut se substituer à la prise de notes, même sans lunettes. Il appartiendra à chacun et chacune, ou le contraire, d'y ajouter sa part de vérité, voire de corriger les erreurs ou de jeter tout ça à la poubelle.

 

Notre épopée a débuté le 26 décembre au matin, l'esprit encore embrouillé par les festivités de Noël. J'ai oublié mon téléphone à la maison.
Arrivée à Marseille à l'heure, voiture au parking. Appel sur le téléphone de Mireille (voir plus haut). C'est Éric et Jean-Marc. Ils ont raté leur avion à 7h45 et réussi à se caser sur le notre à 10h45 moyennant un modeste supplément.
Nous sommes magnanimes et acceptons ces nouveaux compagnons dans notre avion.
Escale de 9 h en zone de transit de l'aéroport d Alger.
Éric et Jean-Marc vont récupérer leur billet pour Dakar sur une rambarde dans le hall, sauf que le leur n'y est pas. On attend, le courant d'air emporte les autres !

Cher journal intime, Mireille me demande un café. Que dois-je faire? Le bar est dans la zone fumeur de l aéroport...bon, j y vais quand même .

Tout va bien, vautrés dans le hall à réviser nos partoches. Apparemment on n'a plus rien oublié. Pris d'une pulsion, j'achète ce carnet pour écrire le journal du voyage.
Un commerçant parisien nous fait la causette. Il revient d'enterrer son neveu a Oran, rentre à Paris, postillonne pas mal.
Seulement une heure de retard.« c'est Air Algérie »
On monte dans l'avion, Boeing 787-300.
Toilettes fraîchement repeintes, mais quelques coulures. Sièges plastique jaune, des coulures aussi. Pas l'option écran vidéo ni couverture, juste le nécessaire pour voler.

À l'arrivée, le policier de l'immigration est sur les nerfs, demande notre adresse exacte à Dakar. Il refuse de tamponner notre passeport. La relève arrive et nous libère.

A l'extérieur, nous sommes attendus par le NNR, dont le chef en personne. On fait les présentations. Dans la maison de Ndigueul, nous sommes logés dans une chambre séparée.


Jeudi 27
On est tous arrivés à Dakar. Réveil tranquille
Petite répète . Balade dans le quartier. On charge le magnifique bus, roues jumelées à l'arrière.
On attend. On mange les mélocos, on attend. Le bus est chargé .
On fait la photo de groupe.

Départ pour la première étape.
17h30 à l'horloge du bus qui servira de référence pour le reste du voyage
18h30: on fait la queue pour entrer sur l'autoroute.
Monier:" tu sais pourquoi c'est long au péage? C est parce qu'il faut marchander à chaque fois".
« Mais ça dépend »
100m après y a bouchon. Grande quantité de marchands de tout et de rien.

On arrive à Thiaroye, festival Dieuf Dieul pour les Talibés sur le terrain de basket. Il y a des hommes-lions qui dansent, Miss Sénégal qui remet des prix. La scène est un peu trouée, mais personne ne se laisse prendre. Mireille est adoptée par le staff local. Elle est chargée de remettre notre cadeau. Elle prononce son discours : "voila, c'est un T-shirt et c'est beau »
Pendant que les lions dansent , le Grand Ti-Monier et moi-même nous faisons la réflexion que si nos orientations sexuelles n'étaient pas aussi claires, nous pourrions avoir des pensées impures. Nous les avons tout de même sans pour autant changer notre fusil d'épaule

20h30 En route par une autoroute où on ne paie pas, avec des rond-points tous les kilomètres et deux voies à double sens. Nous arrivons à Kébémer à la maison de Ndigueul, on mange.

1h30 c'est à dire vendredi 28.
Départ pour notre prochaine destination, le pays peul. Le bus est bien plein. C'est parti pour 400 km ou 700 selon d'autres sources dont l'un ternette. On cherche sur la carte, la route est bien défoncée, on dort. Le bas-côté est plus carrossable.
Parfois ça tape fort, Ndigueul dit au chauffeur : « encore 200 km, on arrivera quand même inchallah, alors roule moins vite »
Et c'est ce qu'il fit.

Vers 10h30, on arrive à Thilogne. Ibou avait prévu 10h25, on a donc du retard. C'est ce que pense aussi le monsieur qui nous attend au bord de la route depuis 5h ce matin;

On s'installe dans notre dortoir, un matelas chacun. Prise de possession des toilettes.Utilisation intensive par certains du Pchit Toubab

A l'entrée, il y a un zébu attaché qui nous regarde passer. Quand on va chercher nos bagages, il est couché. Quand on revient, il est empilé en petits morceaux sur sa peau.
On prend une douche dans les toilettes, on mange un zébu qui date du matin.
« On ne critique pas les zébus dans la nasse » assène Éric
On répète, on visite les alentours. On va voir le lieu où on doit jouer le soir. C'est sur le stade, très grande scène, sonorisation, éclairages, beaucoup de monde.
Retour à la base, on attend, on discute, comment on s'habille, à quelle heure on mange.
« ça dépend »
Ndigueul est allé peindre une peinture. On mangera après avoir joué. Finalement, on mange avant pour gagner du temps et honorer le zébu du matin. Vers minuit, on prend le bus pour aller jouer. On se prépare dans les loges. Daniel enflamme le public quand il dit bonsoir en wolof. En partant après notre prestation, on nous dit que c'était très bien car on ne nous a pas jeté des pierres comme aux autres l'année dernière.


Samedi 29
Réveil, douche. Jean-marc et Daniel se sont levés tôt et ont nettoyé le jardin avec un balai emprunté. Jean-Marc a trouvé un os du zébu de la veille pour nettoyer les WC, une côte certainement.

Déambulation dans Thilogne. On va chez le Viagra, chez les notables.
Chez l'un d'eux, Éric voit le Peul Noël.
Notre leader blues man aveyronnais synthétise la situation : « un gosse peul, c'est un peul lardon »
Le vent soulève la robe de Mireille et découvre ses appâts; Une gamine lui dit : »fais correct ! »
On rencontre des Sénégalais du Loir et Cher, de Saint Ouen, de Strasbourg. Ce n'est pas visible au premier regard.

On fait une photo devant l'arbre centenaire. Mireille perd l'appareil photo devant cet arbre, heureusement on le retrouve derrière.

On mange du zébu. Départ prévu à 16h, on part à 16h30, Ibou n'y croit pas tellement on est ponctuels. C'est la même route qu'à l'aller. On s'arrête faire pipi dans la nature, on discute avec les gamins qui apparaissent. Mon estomac me signale que j'ai abusé du zébu, mais je finis par le maîtriser. Les épines des arbres servent de cure-dents.

Vers minuit, on arrive à Saint Louis, on mange un sandwich qui s'empile par-dessus le zébu. Visite du pont Eiffel, de la place Faidherbe.
De nouveau le bus pour Kébémer où on arrive vers 3h du matin.

On est donc dimanche 30

Réveil vers 9h, récolte des anecdotes.

La Thiboudienne, le meilleur des mélocos, riz au poisson.
Le vent se lève. Il y a du sable partout. « Ça déplace aussi les germes » dit le docteur Monier.
Daniel, à propos de notre spectacle de la veille: « les Ngueweuls ont une entrée artistique sur la vie de tous les jours en pays peul qui déchire par la pureté de l'histoire. Le rythme entre en jeu purement mais surement. Ce spectacle grandiose qui monte en puissance en fait un moment inoubliable. La fanfare est là, mais le spectacle est déjà fait »
J'apprends « nalunga bubar »
Jean-Marc me montre les baobabs.

Notre chef blanc émet le désir de répéter. Notre chef noir lui répond : « pourquoi répéter, vous savez jouer, non , que va dire le public s'il vous entend chercher vos notes et jouer comme des enfants ? »
On répète quand même un peu. Hassan chante Fatou yo. Ça nous plaît. Vincent le joue. On l'adopte, on l'écrit, ce sera notre hymne de tournée.

Balade au marché de Kébémer, des achats. Il y a des peintures sur le mur de l'école. On les prend en photo. Un passant qui tire son cheval nous dit que c'est interdit. Quand on raconte ça à Ibou, il demande en colère : « qui c'est çui-là ? Où il est ? »

Photo de groupe devant le baobab de la maison.

On est présentés au père de Ndigueul. Le patriarche tient un discours de paix et nous donne sa bénédiction. Nous le remercions chaleureusement pour ses paroles et son accueil.
Repas, Alicemo raconte l'anecdote du voyage de l'Echo de Avens : »je suis moite ».
Inquiétude :que va-t-elle raconter sur nous de ce voyage ?
Le vent s'est levé, ça crisse sous les dents.

On va se changer pour jouer au festival de Louga. On doit manger vers 20h et jouer vers 22h.
Ya de l'attente, on va prendre un café chez Bayfall. Jean-Marc propose de jouer à quatre, alors on le fait.
Nos chefs sont partis au Grand Palais pour un repas de cérémonie chez les autorités. Nous mangeons frugalement avec les autres participants au festival.
Petit tour au marché de Noël. « Tu peux y aller, mais faut pas durer » dit Ibou;
Vers 22h, on se prépare, les chefs ne sont pas encore rentrés. Isabelle et Momo sont interviewés par la radio locale. Les groupes passent, le temps aussi, toujours pas de chefs. Le régisseur nous propose de faire la balance, mais nous refusons en leur absence. Le ton monte, le régisseur Ibou et Momo sont sur le point d'en venir aux mains. Ça se calme, mais nos deux camarades sont très très contrariés.
SMS du Grand Sachem : »les griots jouent, venons dès que possible ».
Le dernier groupe se produit, c'est un ensemble d'acrobates, de contorsionnistes mineurs et de danseurs accompagnés par des musiciens virtuoses. Leur chef les dirige avec élégance dans son anorak et donne le rythme avec un sifflet à roulette.
Puis il s'en va, le public aussi, contrairement à nos chefs qui se pointent à ce moment. Ndigueul décide qu'on joue quand même. On le fait.
Retour à Kébémer vers 3h30

Lundi 31 décembre
Journée de repos.

Debriefing de la soirée :
les officiels et les financiers ne se sentaient pas concernés par l'événement.
Notre Grand Manitou habillé en canari au dîner de gala alors que les autres sont en tenue de soirée, grand moment de solitude ». C'est pire qu'être à poil »

On va au marché.
J'achète du tabac et du papier. On se roule une clope,
Éric : c'est pas fort,
Moi : c'est pas bon,
Monier : c'est faux mais c'est pas en place. (mais il ne fume pas)

A la maison, Bayfall répare son tama avec une peau de serpent. Leçon de technologie.

Le Magal des Baye Fall a lieu cette année le 1er janvier. Ça se passe à Touba, la grande ville sainte à 25 km d'ici, on attend 3 millions de personnes. On décide de ne pas y aller pour ne pas subir le Grand Embouteillage.

On prend la route pour Lompoul, la ville des poulets, où on doit animer le réveillon.
Le bus nous laisse au bord de la route où on prend un camion transport de troupes de l'armée française pour gagner le camp dans le désert. On est accueilli par Didier le propriétaire, un français prévenant et attentionné qui nous a fait installer une série de raïma à deux places rien que pour nous. Petit discours sur les énergies renouvelables, le développement durable, la place de l'homme sur la Terre et les précautions à prendre quand on investit un tel endroit.

On met en pratique le concept d'apéro typiquement français qu'on vient d'exposer aux NNR : début de soirée, moment calme, on peut parler sans toujours écouter, … on boit du punch et on mange du saumon fumé; On joue alternativement et on finit par un morceau commun. Les Italiens sont ravis.

On mange dans le petit restaurant mauritanien, les clients ont droit à la grande tente.
C'est le couscous du Nouvel An, propice aux confidences. Avec du vin rouge et du rosé.
Éric au Grand Ti-Monier : «c'est bien ce concept de thérapie itinérante»

Minuit approche, on se dirige vers la dune où on doit célébrer le nouvel an avec nos musiques joyeuses. On s'embrasse, les tambours commencent à jouer. A ce moment, on tire le feu d'artifice, quelques fusées courageuses montent dans le ciel, d'autres plus paresseuses tombent sur les eucalyptus. Un début d'incendie est rapidement circonscrit par Vincent. Les fusées partent un peu dans tous les sens, au-dessus de nos têtes aussi. On s'embrasse encore quand on aperçoit une belle flamme sur la tente restaurant, elle devient très grande, très grande. En une minute, la tente a disparu complétement. Ça jette un froid tellement elle a brûlé vite. Mais pas de blessés ni de dégâts.
Didier le propriétaire prononce un petit discours pour dire que la fête continue
On regagne le lieu de l'apéro pour jouer, champagne et punch à volonté.

Mardi 1er janvier

Lendemain de réveillon. Même ici on a un peu mal à la tête, d'autant que le couscous et le vin ont remué des choses déjà éprouvées par le zébu. Mais je domine la situation.
Tout le monde est déjà parti, les tentes démontées, il ne reste que notre tente, Ibou, Éric et nous. On prend un petit déjà à la cuisine. On monte dans le Berliet pour rejoindre le bus qui nous conduit à la mer.
La plage, les vagues, les coquillages, les méduses, le marché. Mais il n'y a personne, tout le monde est au Magal. Juste un petit gardien qui fait le sketch de la personne offusquée. Il veut un cadeau pour avoir ouvert la barrière.
Retour à la maison de Ndigueul où on mange le mouton de Magal, délicieux avec des frites et des oignons. Pour lui aussi c'est la fête.

Vers 21h, On passe par Touba récupérer Sanga. C'est le Magal, ça concerne 25% de la population sénégalaise. La nourriture est gratuite, on est accueillis partout gratuitement dit le code du pélerin.

23h . Arrivée à Touba. La ville est effectivement très encombrée. Beaucoup de gens endimanchés.
Le costume du BayeFall ressemble à celui d'Elmer. C'est la version moderne du costume d'origine fait de guenilles assemblées, en signe de pauvreté.
Beaucoup de véhicules hippomobiles, asinomobiles, hommomobiles, et des automobiles Diesel. L'air est irrespirable et opaque des fumées et de la poussière soulevée. Ça circule sur six voies dans tous les sens. Beaucoup portent un masque pour respirer.
Il y a des belles filles aussi. Jean-marc : « elles sont bien agencées »
Cissé le chauffeur fait des folies avec le bus. Il le conduit comme un tuk-tuk, se faufile dans tous les sens, passe là où c'est impossible, sauf pour lui.
Pendant la traversée, Isabelle nous lit le Guide, Éric ponctue. Elle nous apprend que Touba est régie par la Charria, statut indépendant, développement important, …
Il est interdit de fumer, de se promener bras nus, d'utiliser du 5-5 (puissant anti-mystique)
Éric fait un valaise magal tellement c'est long.

1h30, On est donc Lundi 2 janvier
on sort de la ville. Halte à la station Touba Oil.
On achète du Touba quatre-quarts, le marchand dit c'est gratuit aujourd'hui car c'est Magal, mais il accepte tout de même 4000 CFA.
On repart, ça circule. Mais grosse erreur, ce n'est pas fini. Gros bouchon, route étroite, des voitures partout. Beaucoup dépassent et se rabattent quand une voiture arrive en face. Cissé choisit de rouler sur le bas-côté où il y a moins de voitures. On passe à grande vitesse quelques flaques de sable mou. Sur la route à côté tout est bloqué. On dépasse avec émotion l'endroit originel où celui qui a dépassé ne peut plus se rabattre et se trouve nez à nez avec celui qui arrive en face.
3h. On s'en sort grâce au talent de Cissé. On roule sur une bonne route.
4h. Kaolak, douane sénégalaise, pipi, etc … La route est défoncée, Bay Philippe demande si on est sur la bonne route. Oui, c'est la bonne piste;

7h30 stop au bac, poste frontière Sénégal-Gambie Bomba-Tenda.
Il est interdit de faire des photos dans la zone frontalière. Ibou raconte qu'il a été arrêté deux fois, qu'on lui a confisqué son appareil photo, qu'il a été mis en prison. Ses arguments nous suffisent et personne ne prend plus de photo...
1000 CFA par personne pour le transit, plus le billet pour le bac qu'il ne faut pas perdre, mais c'est juste un petit carré de papier blanc.
8h50 On fait du commerce de tissus. Ndigueul nous permet d'éviter la queue grâce à un habile marchandage

10h10
On passe le bac, on paie 1000 CFA encore au premier poste gambien.
Ibou : »en Gambie, y a que le soleil qui est gratuit »
Monier: « y a quoi en Gambie ? Des gambas ? »
moi : « on dit que j'ai de belles gambiennes, c'est vrai ... »
Bouba est allé faire du commerce. Il revient avec une énorme télé, mais c'est un cadeau pour le village où on va jouer. Ouf, on ne gardera pas longtemps ce passager supplémentaire
Sur l'autre rive, il y a un boa apprivoisé qui se ballade avec son propriétaire qui met sa tête dans sa bouche. Vincent attend pour faire pareil. Mais déception, il le rangedans sa boîte.

Départ pour les 150 km qui restent jusqu'à Ziguinchor.
Bonne route et pour cause : festival de chek-points tous les 5 km environ. Une fois la police, une fois la gendarmerie, une fois la douane, souvent les deux ou les trois à la suite.
Différents déroulements : passez, montrez vos papiers à la fenêtre, donnez les papiers au chef, descendez et marchez jusqu'à l'autre barrière, les jeunes descendez et montrez votre shit, les vieux restez à l'intérieur
On constate que le flyer de la tournée est très efficace aux contrôles et remplace souvent le passeport.
La route traverse la mangrove, avec se palétuviers plantés par la main de l'homme. Il y a aussi des mangroviers.
15h arrivée à Ziguinchor. Accueil à l'Alliance franco-sénégalaise. Bâtiment à l'architecture remarquable, on nous offre le couscous (même pas peur) et répartition dans les hébergements: moitié à l'hôtel à côté, moitié dans une autre maison un peu plus loin. Douche, repos.
Visite à l'orphelinat voisin, présentation des instruments, invitation des orphelins au spectacle du soir.
Ziguinchor est fermée la nuit par sécurité.

Le Grand Thérapeute est en verve. Il raconte l'anecdote de la nuit des tabalas. Il est invité par le marabout à improviser à la trompette sur les chants religieux. Il s'exécute sous son regard approbateur. « c'est comme jouer du tambour pendant la messe de minuit »
Puis « belle soirée qui a commencé hier matin »
On s'habille pour le concert, boubou bleu.
Le Grand Guérisseur : » sans la tunique, on ressemble un peu à des adorateurs de Vénus qui attendraient le vaisseau spatial pour rejoindre la quatrième dimension »
On joue. Invités : un joueur de balafon, des danseurs du village de la télé et leurs castagnettes.
Les orphelins montent sur scène et dansent.

Bon spectacle, beaucoup d'énergie. Le directeur décide de nous offrir un repas ensuite, ce qui n'était pas prévu semble-t-il.

Jeudi 3 janvier
Petit déj à l'hôtel. Les Hautes Sphères ont décidé qu'on passerait une nuit de plus ici, tous ensemble. Quartier libre jusqu'à 16h, visite de la ville.
18h. Départ pour Tobor.
Accueil des villageois, déambulation jusqu'à l'arbre des spectacles.
« chants sortis des champs de coton »
On nous assoit sur des chaises et le spectacle des masques commence : l'homme-feuillage qui tourne autour de son bâton, le crocodile, l'éléphant, …
Je suis attaqué par une bête qui monte dans mon pantalon. « oui j'ai une bête dans mon pantalon »
Puis discours du porte-parole du village qui remercie et demande une clôture pour l'école, un hôpital …. Notre Grand Ti-Monier remercie et note l'universalité des mythes humains issus des mêmes sources.

Retour au bus à travers la forêt dans la nuit.

On va manger du poisson au resto à côté de l'hôtel. Ce n'est ouvert que depuis la semaine dernière alors Ibou prépare le repas. Jean-Marc qui trouve l'attente un peu longue et n'a pas mangé à midi va voir l'incroyable Hulk à la télé.
Nos hôtes s'en vont avec le bus et des bouteilles vides; Ils reviennent avec du vin de palme qui plaît beaucoup à notre grand Sachem. « ça me rappelle le cidre (j'ai oublié le nom, pardon) qu'on fait en Haute Savoie, ce petit goût de fermentation ... Ne soyez pas injuste avec ce vin de palme ...»

Vendredi 4 janvier
Rendez-vous 6h30 (du matin) pour rejoindre Banjul
On démarre à 8h15
Petit déj chez « la grande cuillère », personnage remarquable à bien des égards.
On s'arrête ensuite pour retirer de l'argent, Ginou a des ennuis avec sa carte.
Des panneaux sur la route : « je veux aller et réussir à l'école », « je veux aller et rester à l'école »
On passe la frontière Gambie en essayant de ne pas payer le visa, sans succès.
Lors dun contrôle, le Grand Conducteur va pisser sdans les broussailles (photo). Il est rejoint par son disciple Eric (photo). Je les prends en photo (photo)
« ya pas que des boas dans ces broussailles »

En route de nouveau à travers la mangrove.
« rien de tel qu'une bonne lampée de jus de mangrovier, à part peut-être du vin de palme »

14h, arrivée à l'alliance française à Banjul, repas, on traîne.
Le bus repart et doit nous reprendre sur l'autre rive du fleuve Gambie le lendemain.
Apparemment il y aurait un problème avec le cachet. On nous conduit à l'YMCA, chambres doubles, salle de bain.
On joue à 18h devant la porte de l'alliance française. La soirée est sponsorisée par la bière Castel et la boisson énergisante XXL qui offrent une consommation pour l'achat d'un billet.
On goûte au XXL, pas mauvais, un peu chimique.
On fait la balance, ça dure. Puis concert, on commence à être au point même sans trop répéter (on sait jouer non ?)
Public peu nombreux tout de même.
On mange après le concert, le Grand Machin demande quel est l'antidote au XXL.

Départ prévu le lendemain à 6h car c'est le jour du Grand Nettoyage. Le Président gambien a décrété que tout le monde devait participer au nettoyage du pays. Donc de 9h à 13h, toute circulation est interdite, les magasins fermés. On doit nettoyer ou rester chez soi.
« Il semble que beaucoup resteront chez eux demain » assène le Grand Marabout qui manie mieux l'oxymore que la pelle à charbon.
Samedi 5 janvier
Départ de l'YMCA à 6h comme prévu pour prendre le bac à 7h au port de Banjul.
Les transports doivent s'arrêter de 9h à 13h, on a la pression.
On doit porter les instruments et les bagages car le bus nous attend de l'autre côté.
Au port, le bac est en panne, on apprend qu'on en attend un autre « un peu moins rapide »

Devant l'embarcadère, il y a un camion en panne chargé de lourds sacs. Des gens essaient de le pousser, mais il ne fait que de petits mouvements de va et vient. Je décide de leur prêter main forte. Je m'accroche sur le côté et nous réussissons à le déplacer sans effort.

Des afrikaners doublent tout le monde dans la queue.

Je suis pris d'une envie de pisser, mais il n'y a pas d'endroit favorable. Notre Grand Guérisseur me dit « mais va pisser voyons ». Fort de cette prescription, je me soulage sur derrière une cuve d'eau entre des gens qui prient et d'autres qui préparent du thé. Je rejoins la file d'attente. Un grand type arrive et me dit que je ne dois pas faire ça. Je dis « sorry » car il parle anglais.
J'apprends que c'est pareil pour la clope, qu'il y a un coin fumeur dans la queue.

Le deuxième ferry finit par arriver, il s'appelle Johé.
Éric : « C'est l'arche de Johé ».

Quelques notions de wolof :
faire la grosse commission se traduit par « amener les enfants chez la grand-mère »

Le ferry est prêt pour l'embarquement, les gens aussi. On saisit nos bagages. Les afrikaners sont devant nous. Nous les écartons à l'aide de jembés et autres tambours; « sorry » dis-je car je maîtrise l'anglais maintenant.
La traversée est lente comme annoncé, à peine 1h30

Nous retrouvons le bus, en route pour Dakar où Daniel doit prendre l'avion assez tôt.
On s'arrête manger dans une station service qui vend des fusées de feu d'artifice. Ce serait plus rigolo ici.
On reprend la route.

Roue intérieure crevée à l'arrière. On a de la chance, y a un garage à côté;
Le garagiste démonte la roue extérieure sans problème. Nous allons jusqu'au bled boire un café et faire du commerce. A notre retour, la deuxième roue n'est toujours pas démontée. Ils l'attaquent à la massette et au burin. Je suggère d'enlever la deuxième série de boulons à l'aide de la deuxième tête de l'outil, et ça marche.

On reprend la route pour cette dernière étape. On arrive à Dakar juste à temps pour l'avion de Daniel. Je n'aime pas les départs.
On est à l'aéroport largement à l'heure, mais notre avion est le dernier à partir « c'est Air Algérie »

On rentre à la maison sans nos valises « c'est Air Algérie »,mais dans le froid.

On attend avec impatience les mois de juillet-août.